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1 mars 2024Apprendre à gérer son stress quand on est dirigeant
Dans 5 minutes, c’est le début de la réunion avec l’ensemble de vos collaborateurs : vous n’arrivez pas à retrouver votre dossier avec toutes vos notes, la présentation que vous aviez préparée sur votre ordinateur ne s’ouvre pas et vous avez renversé votre café sur votre costume qui sort du pressing !
Vous sentez que vous commencez à perdre vos moyens. Vos gestes deviennent plus brusques, vous commencez à hausser le ton. Il faut contacter le service informatique pour votre présentation, répondre à cette demande client, caler les derniers rendez-vous de la semaine, et votre assistante vous annonce qu’elle doit s’absenter d’urgence … Vous commencez vraiment à virer au rouge ! D’après vous, qu’est-ce qui se passe ?
Cette situation vous rappelle quelque chose ?
Dans quelle situation ressentez vous, vous aussi, une respiration plus rapide, des gestes saccadés ?
Et oui c’est du stress. Derrière ce mot devenu banal tellement nous y sommes soumis, je vous propose de faire un point sur ce qu’il est.
Nous entendons tellement parler de stress : stress des dirigeants, stress des employés, stress des enseignants, stress des élèves, stress du personnel soignant… en vérité, nous sommes tous soumis à de situations qui déclenchent le stress.
Qu'est-ce que c'est le stress ?
Le stress est un phénomène biologique naturel. Il est une réaction d’adaptation naturelle face à un évènement. Que cet évènement soit agréable ou pas : on peut être stressé aussi pour le passage d’un examen que pour son mariage : tous deux sont des « stresseurs » importants qui vont entrainer émotions et manifestations physiques tels que des tremblements, des pleurs, sueur, mains moites, etc. Il constitue une réponse du système hormonal à une situation « d’agression » de son environnement.
L’organisme cherche à maintenir l’équilibre menacé par cette agression.
Ponctuellement il peut être un bon coup de fouet pour nous permettre de mobiliser nos ressources et dépasser la difficulté rencontrée.
Enfin il fait partie de notre instinct de survie.
Quelle est la fonction du stress ?
Imaginez que vous traversez la route tranquillement à pied. Tout à coup, un énorme camion arrive sur vous à toute vitesse. Que faites vous ?
Physiologiquement, votre cœur bat plus vite, amène plus de sang, donc plus d’oxygène et d’énergie dans vos muscles de vos jambes et vous permet d’agir plus vite pour rejoindre l’autre côté de la rue.
On observe d’ailleurs, les mêmes caractéristiques physiologiques chez les animaux : lorsque la souris rencontre le chat, son cœur bat plus vite, elle reçoit davantage de sang et d’oxygène dans les muscles, son énergie augmente et lui permet de fuir, ou en tout cas de tenter de fuir. Le stress n’est donc pas seulement humain, les animaux aussi le ressentent.
Dans les 2 cas, le stress a pour fonction de rester vie. C’est donc un stress positif.
Donc le stress c’est positif ? Dans un certain cas, oui.
Lorsque vous devez préparer cette réunion, ce rendez-vous avec ce gros client, la préparation d’un entretien de recadrage avec un collaborateur, le stress vous permet un afflux d’énergie pour agir de manière à ce que vous soyez suffisamment préparé.
Et bien entendu lorsque votre survie est en jeu.
Comment fonctionne le stress ?
Le stress est composé d’un cycle et il est important de laisser ce cycle se dérouler :
Tout d’abord, une réaction d’alarme. Le rythme cardiaque s’accélère, le tonus musculaire et la tension artérielle diminuent considérablement. Vous ressentez un état de sidération. Petit à petit le corps met en place des mécanismes de défenses et d’adaptation au traumatisme. Augmentation de la tension artérielle, muscles qui se contactent, on se sent plus apte à faire face
En 2e phase, on rentre en période de résistance, particulièrement si vous êtes longuement soumis au « stresseur ». Ça ressemble à un état d’alerte, caractérisé par une mise en tension permanente.
Enfin, quand l’organisme n’a plus les moyens de s’adapter, vous rentrez en phase d’épuisement. Vous avez à ce moment-là besoin de repos : si je reprends mon exemple du camion qui arrive lorsque vous traversez la route, vous avez besoin d’un moment pour vous remettre, pour souffler, pour recharger les batteries. Et plus la période est longue et/ou plus le stress est intense, plus importante sera la phase de repos.
Je remarque, très souvent, que les dirigeants que j’accompagne font l’impasse sur cette phase de repos. Ils vont préférer compenser avec des faux amis : tabac, alcool, café, tranquillisants, alimentation anarchique, baisse du temps de sommeil… qui va créer encore davantage de fatigue, migraine, allergies, problèmes de peau…. Mais aussi hyper activité, problèmes relationnels en famille, avec les amis, au travail. Et qui du coup vient ajouter du stress au stress, parce que c’est là que c’est important :
Le stress fabrique du stress
Alors si le stress peut être parfois vécu comme positif, comment se fait-il que nous le percevions majoritairement comme négatif?
Pour bien comprendre le stress, comprenons d’abord les différents types de stresseurs.
Les différents types de stresseurs :
Le stresseur est la situation à laquelle vous êtes exposé et qui nécessite une adaptation pour y faire face.
On va parler différencier dans un premier temps le stresseur aigu et le stresseur chronique (répétitif) et ensuite le stresseur concret et le stresseur relationnel
Le stresseur aigu, c’est un évènement dangereux ou vécu comme incontrôlable : un accident de voiture par exemple. Un choc brutal et violent qui peut laisser des traces s’il n’est pas pris en charge (stress post-traumatique)
Un autre stresseur aigu, auquel on ne fait pas toujours attention, c’est d’être soumis à un critique , ou bien de se retrouver dans une situation qui génère de la honte. Ça à l’air anodin, mais cela peut laisser des séquelles importantes
Le stresseur chronique, c’est celui qui correspond aux situations répétitives.
Imaginez que vous tenez une carafe d’eau pleine à bout d’un bras 1 minute, ça commence à devenir lourd à la fin. Imaginez maintenant que vous devez la tenir pendant 1 heure, 1 journée? Et bien le stress c’est pareil: plus c’est long, plus c’est lourd.
On va parler de stress chronique en cas de surcharge professionnelle, d’esprit de compétition ou une ambiance de travail pénible. Dans ce cas, la soumission au stress est permanente, ou en tout cas fréquente. Le stress chronique entraine un état d’épuisement. Il est à l’origine des burn-out dans la majorité des cas.
Stresseur concret : organisation, emploi du temps, la pratique de résolution de problèmes et de prise de décisions, les changements fréquents dans l’entreprise, l’incertitude de l’emploi, les prises de décisions, les problèmes financiers, les problèmes de logement, etc.
Stresseur relationnel : concerne la relation aux autres, comme l’esprit de compétition, les conflits qu’ils soient ouverts ou larvés, qu’ils soient professionnels ou dans le cercle privé, la pression hiérarchique, les difficultés de communication
Les conséquences au travail :
- Démotivation, manque d’implication
- Absentéisme, rotation du personnel
- Diminution de l’efficacité au travail
- Arrêt maladie
- Violence au travail (physique ou verbale)
Et si les émotions que je ressentais généraient du stress?
Les pensées négatives et les ruminations mentales
Vous savez ces courts métrages (ou parfois long) qui tournent non stop dans votre tête?
Ces pensées qui nous disent que nous sommes trop, ou que nous ne sommes pas assez? Celles qui ruminent la dernière discussion avec X et qu’on triture jusqu’à ce qu’on sait maintenant ce que l’on aurait dû répondre? Celle qui nous dit qu’on n’est pas à la hauteur, qu’on n’y arrivera pas… Vous voyez de quoi je parle ?
Ça s’appelle des pensées automatiques, et nous en avons tous. Mais le problème, c’est que quand ces pensées sont négatives, qu’elles nous dévalorisent, elles favorisent le stress.
C’est-à-dire que sans aucun évènement extérieur actuel déclenchant le stress, nous sommes tout à fait capables d’aller le chercher dans notre tête pour générer du stress

C’est intéressant de retenir que nos pensées, et plus particulièrement nos ruminations sont également des stresseurs !
Les solutions
Comment parvenir à gérer son stress ?
- En faisant une première analyse de son stress.
- Apprendre à repérer les signaux du corps lorsque le stress s’installe
- Identifier les déclencheurs de stress, interne ou externe
- Observer si sa réaction au stress est adaptée. Est-elle aidante? Nocive pour soi? Pour ses collaborateurs? Pour son conjoint, ses enfants?
- Est-ce un déclencheur interne ou externe?
- En prenant de vraies phases de repos.
Pour être efficace, il est important d’alterner les phases de travail et les phases de repos : de vraies bonnes nuits de sommeil, un break pour le déjeuner avec un ami, s’octroyer un moment de lecture dans la semaine
- En faisant du sport régulièrement. Et un sport qu’on aime! La simple marche 3 fois 1 heure par semaine permet déjà de réduire considérablement son stress.
- En ayant une alimentation équilibrée. C’est-à-dire une juste répartition des « macros » : protéines (viande, poisson,-œufs), des glucides (pain, pâte, pomme de terre, lentilles, pois chiches, riz…) et des lipides (huiles, fromage, beurre…). Et en évitant de trop manger. Vous trouverez de nombreux conseils auprès des spécialistes.
- En faisant de la cohérence cardiaque : en régulant le rythme cardiaque, on peut avoir une influence sur notre état émotionnel. J’utilise l’application RespiRelax matin et soir ou avant un rendez-vous important.
- La méditation de pleine conscience : En ancrant notre existence dans le moment présent, elle permet d’élargir le champ des possibles, de cultiver naturellement nos ressources internes et de traverser les challenges et les difficultés avec plus d’aisance.
- En étant conscient de vos faux amis : tabac, café, alcool, médicaments, drogues… Sont-ils uniquement sources de plaisir ou « tuteur » pour accepter mon stress ?
Considérer que le stress que vous ressentez ne dépend que des facteurs extérieurs, ne vous laisse aucune solution pour influencer sur votre stress. Et si vous subissez la situation, cela augmente la « facture » du stress. Il sera nécessaire à ce moment là de travailler sur vos ressources afin de comprendre quels sont vos leviers pour vous libérer et retrouver un mode de fonctionnement plus serein.
Conclusion
Alors que dans 3 minutes, tous vos collaborateurs vous attendent pour la réunion, que vous savez déjà qu’ils sont tendus, vous n’avez toujours pas retrouvé vos notes et votre assistante est partie, qu’est-ce qu’il se passe?
Vous savez à ce moment-là que vous « rentrez » en stress, parce que vous reconnaissez les manifestations physiologiques. Vous savez à ce moment-là que vous avez le choix : vous fermer, crier sur vos collaborateurs, dire des mots que vous ne pensez pas, mettre vos équipes dans un état émotionnel compliqué et créer un conflit inutile; ou alors, aller au plus simple : les informer de la situation, faire l’impasse sur vos notes, partager avec eux votre déconvenue et prononcer les 3 premiers mots qui vont détendre l’atmosphère .
Parce que rappelez vous, si vous vous sentez bien dans vos baskets, c’est un magnifique cadeau que vous ferez à votre équipe : vous ne serez plus un stresseur pour eux.





